Aller au contenu

Un père rend hommage à son fils, donneur d’organe

Partager la vie: témoignage d’un jeune donneur décédé qui portait sa carte de donneur

Hommage à un fils :

Mardi 2 août, nous étions tous réunis autour de toi à la chapelle de l’Hôpital et cela t’a peut-être surpris, mais nous désirions prendre congé de toi avec une partie de toutes celles et de tous ceux qui t’ont connu chacun à sa façon, qui ont apprécié ta personnalité, qui t’ont aimé et que tu as, toi aussi, aimés, nous avons évoqué en paroles et en musique des souvenirs qui nous lient a jamais et rappelé qui tu étais, toi qui, dans la force de tes 23 ans, allais entre de plain-pied dans ta vie d’homme, toi qui t’apprêtais à emménager, dès le 1er août, dans ton appartement à Lausanne, toi qui avais choisi de te former comme éducateur de la petite enfance, parce que tu sentais, au plus profond de toi que c’était bien là ta vocation professionnelle.

Maxime, ta mort n’est pas vaine, n’est pas absurde. C’est même toi qui en donnes au contraire du sens. En effet, bien avant que tu ne saches que tu étais porteur de cette maladie génétique qui a rendu ton sang trop épais jusqu’à boucher complètement les veines de ton cerveau, tu signais courageusement et généreusement une petite carte de Swisstransplant qui attestait clairement ton désir de faire don, en cas de décès, de tous tes organes susceptibles d’être transplantés.

Ainsi, dimanche 31 juillet, dès le lendemain de ta mort, quelque part en Suisse ou en Europe,

  • Un aveugle s’est mis à voir ou à revoir,
  • Un sourd s’est remis à entendre,
  • Un insuffisant cardiaque ou respiratoire s’est mis à courir grâce à ton cœur de sportif entraîné depuis des années au sein de cette équipe de basket que tu portais dans ton cœur,
  • Des diabétiques se sont remis à manger de tout, sans restriction,
  • Deux insuffisants rénaux ne sont plus dépendants de la machine qui épure leur sang trois fois par semaine,
  • Un ou une malade du foie ne vit plus avec la peur permanente de la mort,
  • Un enfant atteint d’un cancer des os pourra éviter le traumatisme de l’amputation de sa jambe,
  • Enfin, tu as contribué â la recherche médicale dans le domaine de l’excès de pression artérielle.

Alors Maxime, nous sommes tous les témoins de ton cœur d’or. Malgré ta mort révoltante, scandaleuse, à travers ce don ultime de toi pour d’autres, tu apaises notre immense tristesse, car nous savons que quelque part tu nous fais signe de vie et que ta mort a permis des résurrections, de redonner le goût de la vie, cette vie que toi aussi tu appréciais tant, à des enfants, à des femmes et des hommes qui vivaient dans l’angoisse et le désespoir.

Tu ne les as pas connus, nous ne les connaissons pas et ils ne te connaîtront pas, mais aujourd’hui devant toi, toutes et tous en pensées avec toi, nous te le disons avec force et certitude, ils te sont toutes et tous immensément reconnaissants.

Alors je peux affirmer qu’à nos yeux, comme il est écrit sur un tee-shirt signé Ben que tu m’as donné lors de l’un de mes anniversaires, tu es vraiment : « Un héros anonyme».

Alors, une dernière fois, salut mon fils, salut Maxime, bien-aimé, nous sommes toutes et tous fiers de toi.

Ton père


RÉPONSE DU CŒUR D’UN GREFFÉ DU CŒUR

Merci Monsieur,

De retour de longues vacances, je prends connaissance de la lettre posthume que vous avez écrite à votre fils Maxime. Je l’ai lue et je la relis avec douleur et émotion. J’admire le courage avec lequel, dans l’adversité de cette mort révoltante et scandaleuse, vous nous faites part du décès de votre fils.

Vous nous parlez avec tendresse de ses projets et d’un avenir qu’il n’aura pas eu la chance de connaître. Mais surtout, je salue le sens que vous donnez à sa mort en nous enseignant comment, par le don de ses organes, il a permis à des hommes, des femmes et des enfants, d’entendre, de respirer, de voir, de se nourrir, de courir, en un mot, de vivre.

Alors, merci Monsieur, merci pour ces mots qui font autant que toutes les campagnes organisées par Swisstransplant, par les As de cœur et par toutes les associations qui militent en faveur de la transplantation. Merci pour toutes les personnes en attente d’un rein, d’un foie, d’un ou d’un poumon, merci pour le cœur qui bat en moi depuis 13 ans. Merci pour le donneur anonyme auquel je pense souvent sans pouvoir imaginer un nom ou un visage. Merci enfin pour tous ceux qui, à la lecture de l’hommage à votre fils, iront chercher une carte de donneur à la pharmacie, la signeront, la porteront et en parleront à leur proches.

André