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Ne faites pas à vos parent ce que vous ne voulez pas que vos enfants vous fassent !

J’ai envie de rebondir sur les propos d’une Africaine du Cameroun qui nous a partagé des aspects du rapport parents / enfants chez eux, ainsi que leur attitude face à la mort. Elle nous disait :

  • La mère et le père sont sacrés. C’est une loi de base. Les vieux parents ne travaillent plus. Ils ont déjà tout donné. Maintenant c’est à leur tour de recevoir. Ils font partie de la famille, sont nourris, soignés, entourés jusqu’à la fin.

  • Cette Africaine nous suppliait : « Ne mettez pas vos parents à l’EMS ! » Certaines personnes qui l’écoutaient, contestaient : « Mais chez nous ce n’est pas possible avec nos petits appartements ! » Elle nous répondit : « Ce sont des croyances ! Vous dites c’est impossible, donc ça le sera. Les vieux chez soi, oui, il y a moins de place, mais il y a des liens. Vous n’avez pas compris que le plus important ce sont les liens tissés, la communauté. Vous avez perdu le sens de ce qui compte ! Vous avez perdu le sens de la vie tout court. Le matériel et le confort ont remplacé tout. Mais la vie sans sens vous rend malheureux. »
  • Si un vieux meure, tout le village arrive et c’est la fête. On chante, on danse, on mange, on se raconte. C’est une affaire de tous. La personne décédée est gardée à la maison pendant 3 jours, saluée par tout le monde – les enfants y compris – puis enterrée. Elle nous disait : « Dans vos horribles morgues vous les tuez pour de bon ! Ce n’est pas du froid glacial des frigos dont ils ont besoin, mais de notre présence, de nos chants et de nos prières. Comprenez donc que la mort n’existe pas. C’est une transition ! »

Oui, il est important de recomprendre la mort et de réinventer notre manière de l’accompagner. Par ex à Genève il est utile de savoir que, grâce aux pompes funèbres, il est possible de transférer à la maison un proche qui est décédé à l’hôpital ou à l’EMS et de l’y garder jusqu’aux funérailles.

Même l’université de Harvard dans une étude récente a relevé que ce qui compte le plus dans la vie ce sont les relations, les liens tissés. Notre société accrochée au portable a perdu le sens de ces liens. Notre vision individualiste a dressé des barrières qui deviennent presqu’insurmontables lorsqu’on vieillit.

Ici, dans l’Occident, nous nous identifions par-dessus tout à nos activités et à ce que nous faisons et possédons. Lorsque la vieillesse nous met de plus en plus sur le banc de l’inutilité, la vie perd de son sens. Faut-il s’étonner, vu le désert relationnel, que vivre fait tellement mal que mourir devient désirable ?

Au contraire, savoir qu’on est et reste important pour les autres grâce aux liens tissés avec eux, que notre témoignage, nos expériences sont importantes, le sens se maintient. Puis, bien sûr, même notre mort va devenir un enrichissement pour ceux qui restent.