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Accompagnement d’une épouse

Mon épouse a mené durant onze ans en combat continu contre la maladie. Malgré cela, nous avons vécu ensemble de nombreux et beaux moments. Evidemment que les derniers mois furent très difficiles. Quotidiennement  les infirmières de Sitex prodiguaient les soins à domicile. Moi j’étais le « proche aidant ». Une mission lourde mais si gratifiante avec des partages et des émotions. Beaucoup de sujets ont été abordés. Par exemple, les « Directives anticipées » ont fait l’objet de longues réflexions, mais  la dernière partie de ce document n’avait pas obtenu de réponse.
Un jour une infirmière m’a incité à chercher de l’aide. Elle m’a conseillé « Entrelacs ». J’avais l’habitude de me débrouiller seul mais finalement  j’ai sollicité Lydia Muller.

Promptement, nous avons été mis en contact avec une bénévole et c’est ainsi que nous avons rencontré Christiane. Tout de suite, ma femme l’a aimée. Chaque semaine nous attendions sa visite. Malheureusement rapidement l’état de santé de mon épouse  s’est aggravé. Christiane a décelé l’urgence. Pendant que ma femme se reposait, elle m’a posé deux questions :

– Quel projet commun pour le couple avions-nous?
– Aimions-nous les cimetières ?

J’étais choqué. Que pouvais-je bien faire avec ces interrogations ?

La nuit qui a suivi fut incroyable. Les deux questions m’obsédaient. Le matin, j’avais mes réponses !  
Il ne restait à ma femme que de très rares et courts moments de lucidité. Malgré cela, j’ai décidé de lui parler. J’ai évoqué ma folle nuit et mes pleures. Ce dernier mot l’a mise en éveille. Elle a rassemblé ses forces et nous avons eu notre dernière vraie conversation. Je lui ai révélé la décision que j’avais prise pour moi-même: pas de cimetière, mais mes cendres déposées dans une rivière. Omniprésente eau dans la nature,  le cycle de l’eau. Elle m’a répondu qu’elle le voulait aussi pour elle. C’était devenu notre projet commun ! … et de plus nous avions complété le chapitre manquant des Directives Anticipées.

Moins de 48 heures après cette improbable conversation ma compagne de toujours décédait. La décision commune a été annoncée à mes enfants. Ils ont trouvé cela beau, magnifique.

Quelques jours plus tard, la cérémonie religieuse fut suivie d’un weekend à la montagne en famille. C’est dans le recueillement que tous ensemble nous nous sommes séparés de l’Epouse, de la Maman et de la Mami partie dans les flots accompagnée de roses blanches.

Après ce moment de grandes émotions,  grâce aux petits-enfants, la vie a repris le dessus. Évidement que les moments de solitudes, de tristesse existent encore.

Lorsque j’avais sollicité Entrelacs, j’imaginais que la mission se terminerait au moment du décès.  Mais sitôt le décès annoncé, Christiane s’est proposée pour un moment  d’échange. Lors d’une longue promenade en forêt,  nous avons partagé nos émotions. Ça fait du bien !

Depuis deux ans, régulièrement nous nous retrouvons. Christiane est devenue ma confidente. Je lui parle sans filtre. Autour de moi, j’ai l’aubaine d’avoir un groupe de personnes avec lesquelles je passe de bons moments …  mais il y a aussi les premières fois « sans », les anniversaires « sans », les coups durs, soit des moments plus difficiles. Dans ces cas, je m’appuie sur Christiane. Elle fait parler mes émotions, m’aide à réfléchir, a prendre le bon chemin. Avec elle, j’ai rendez-vous avec moi !

Je mesure ma chance d’avoir été mis en contact avec Entrelacs et d’y avoir rencontré une personne aussi compétence, aimable, disponible. MERCI, MERCI, MERCI.

Eric G.