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Quand grand-père ne nous reconnaît plus…

Question du 4 juin 2018

Quelqu’un qui ne nous reconnaît plus temporairement, mais se souvient de nous le lendemain, et qui se souvient de ce qui s’est passé : faut-il lui dire que c’était réel ou  que c’était un rêve pour ne pas l’inquiéter ?

MON CAS : J’ai mon grand-père de 98 ans qui est lucide mais qui oublie parfois qui je suis. Cela arrive lorsqu’il est très fatigué, surtout en soirée : il ne me reconnaît pas, se met à me vouvoyer en se demandant qui je suis, puis me dit qu’il est content que sa petite fille soit venue le voir. (il parle de moi comme si je n’étais pas là) La 1ère fois, ne sachant comment réagir, j’ai essayé de lui faire retrouver la mémoire en lui disant calmement « Elle était habillée comment votre petite-fille aujourd’hui ? en robe rouge et gilet blanc comme moi ? Elle a les cheveux comment votre petite-fille ? Bruns et mi-longs comme moi ? etc. » Il a finit par me demander « C’est vous ma petite fille ? C’est vrai que vous avez le même sourire. » Mais il avait des doutes, alors il continuait à me vouvoyer. Le lendemain il avait retrouvé sa mémoire et il m’a raconté sa soirée avec « une inconnue qui prétendait être sa petite-fille » en me demandant si c’était réel ou s’il avait rêvé. J’ai pensé qu’il avait besoin de connaître la vérité (car personne n’aime qu’on lui cache la vérité sur son état), mais en positivant. Je lui ais dit que c’était réel mais que ce n’était pas grave car il était resté poli et gentil : « tu peux oublier les dates, oublier qu’on vient te voir, oublier qui on est… du moment que tu restes gentil, que tu me reconnaisses ou pas je continuerai à te téléphoner et à venir te voir. » Mais il s’est un peu traité de fou, ça m’a fait de la peine. Une autre fois il ne m’a pas reconnu, et j’ai prétendu être une amie de sa petite-fille, et le lendemain il m’a demandé si c’était réel ou un cauchemar: je lui ai dit que ce n’était pas un cauchemar mais juste un rêve étrange. Il m’a dit que ça semblait réel surtout qu’il ne se souvient pas m’avoir vu partir : je lui ai dit qu’il s’était endormi et que j’étais partie sans oser le réveiller. Mais il n’arrêtait pas de vouloir parler  de ce qui c’était passé la veille, il devait se douter que c’était réel. Je ne sais pas quelle réaction avoir pour son propre bien-être. Auriez-vous une idée ? Ou des retours de personnes qui l’ont vécu ?
Merci d’avance si vous avez des propositions de réponse.
Et merci beaucoup pour ce site d’utilité publique qui aborde des questions que je trouve essentielles, et surtout merci pour vos réponses individuelles qui tiennent beaucoup compte de la communication et du bien-être de toutes les personnes touchées par la situation. 🙂

Réponse de Lydia

Merci pour vos compliments, je suis heureuse d’entendre que mes réponses servent. Je trouve aussi que vous avez une très jolie relation avec votre grand-papa.
Combien vous avez raison de dire que personne n’aime qu’on lui cache la vérité sur son état. Je trouve que vous avez très bien répondu la première fois. Vous vous rendez compte à la réaction de la 2e fois que cela le trouble beaucoup et de le tourner en rêve ne l’apaise pas du tout. Il faut comprendre que les personnes même désorientées ressentent finement les chose et sentent le malaise chez l’autre. Expliquez-lui que ces troubles de la mémoire n’ont rien à voir avec de la folie, mais avec un problème cérébral de communication nerveuse dans la zone cérébrale de reconnaissance des personnes. Lorsqu’il est fatigué le soir, cette zone du cerveau « débranche », n’arrivant plus à suivre.
En fait, il faut laisser votre grand-père se reposer à ce moment-là ou bien passer à un mode de communication non verbal et plutôt physique comme par ex. lui masser les mains ou les pieds. S’il ne vous reconnaît pas le soir au courant de votre visite, n’inventez pas d’histoires, mais dites lui simplement: « Oh grand-papa, je vois que tu commences à être trop fatigué pour continuer à parler avec ta petite fille. Je vais revenir un autre jour. » Peut-être est-ce sa manière à lui (il est trop gentil ?) de signaler que c’en est assez causé ? Donc encouragez-le aussi à vous dire quand il se sent fatigué, parce que vous ne pouvez pas deviner à sa place.
Si c’est possible pour vous, avancez l’heure de votre visite. Mais l’important est qu’il associe « ne plus reconnaître = être fatigué ». Et c’est normal qu’il soit fatigué vu son grand âge et une vie bien remplie.
Si un jour il ne devais plus du tout vous reconnaître et vous appelle par un autre nom de quelqu’un de sa fratrie ou de son passé, ne vous offusquez pas. Il sentira toujours que vous êtes quelqu’un qui lui veut du bien. Les zones de la mémoire récente peuvent s’éteindre et ne restent que les souvenir de l’enfance. On pourrait aussi dire qu’il retourne dans son enfance. A ce moment-là faites-le parler de son passé. De toute façon, profitez, tant qu’il vit, de le questionner sur son histoire, sur le passé. Ce sont bien des bibliothèques qui brûlent quand les personnes âgées meurent !
Je vous souhaite encore pleins de bon moments de connivence avec votre grand-père.