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Je suis incapable de poser les bonnes questions

J’ai écouté avec grand intérêt les deux émissions radio que l’on peut écouter via votre site… et elles m’ont apaisée. Je regrette de vivre trop loin pour venir à vos stages ou séminaires parce que je pense que j’obtiendrai ainsi les réponses dont j’ai besoin. J’ai 55 ans et ma maman est entrée à l’hôpital pour un cancer du poumon afin de subir une intervention chirurgicale qui aurait dû lui enlever le lobe supérieur du poumon droit. Malheureusement rien ne s’est passé comme prévu et les chirurgiens ont refermé sans rien faire. Je vous épargne les péripéties désastreuses qui ont suivi ensuite. Comme elle a perdu beaucoup de poids et qu’elle s’alimente à peine faute d’appétit, on lui a mis aujourd’hui une sonde pour l’alimenter par le nez. Elle dépérit de jour en jour, physiquement et moralement. Je sais que lui faire prendre du poids c’est également nourrir son cancer. Elle va en mourir, mais quand? J’aimerais lui parler vrai, j’aimerais qu’elle ne fasse pas semblant de croire qu’elle rentrera à la maison, comme elle le fait. Je suis incapable de poser les bonnes questions afin de savoir si elle a réellement l’espoir de guérir ou simplement de vivre plus longtemps ou accepte-t-elle tout pour nous préserver? Cela me taraude d’avoir le sentiment de mal m’y prendre, de laisse passer trop de temps peut-être avant d’aborder les bonnes questions. Mais est-elle prête? comment le savoir? Merci d’avance, Lydia, pour votre réponse.

Réponse de Lydia :

Quand les médecins ouvrent et referment sans rien faire c’est que le cas est gravissime et qu’ils ne peuvent plus rien. Donc ne tardez pas, d’après ce que vous me dites, votre maman ne vivra plus longtemps. Avec son état, elle devrait être en soins palliatifs, et j’estime que le médecin aurait dû lui dire où elle en est. L’a-t-il fait ? Demandez-lui ! A défaut, il faudrait bien que vous le fassiez ! C’est le dernier moment pour se préparer pour la fin et de mettre les choses en ordre, de régler les affaires terrestres et relationnelles et de vivre des instants intimes, forts et vrais. Je suis sûre qu’elle sent dans son corps vers où ça va. Elle peut bien sûr faire semblant pour vous protéger ou s’aveugler parce qu’elle a peur. Je vous encourage de vous assoir auprès d’elle et de lui dire que vous aimeriez parler ensemble de ce qu’elle vit. Parlez-lui du fait que les chirurgiens ont ouvert et refermé (le sait-elle?) et ce que cela signifie : que le cancer n’est plus traitable et que cela n’ira pas vers une guérison mais vers la mort. Demandez-lui si elle s’en doutait. Je pense aussi que vous devriez lui dire qu’elle ne pourra probablement plus rentrer à la maison pour vivre comme avant. Par mon expérience je sais qu’il faut être vrai avec les mourants. Votre maman est certainement déjà âgée et par son cancer a bien dû penser à la mort – à moins d’être inconsciente. Donc ce n’est pas un thème inconnu et il est même normal. Mais comme personne en parle cela devient un tabou. Rompez ce tabou ! Votre crainte de laisser passer trop de temps est justifiée ! Bientôt elle risque de ne plus pouvoir parler dû à la progression de la maladie. Donc, ne tardez pas ! Dites-lui que vous allez l’aider si elle veut mettre quelque chose en ordre. Demandez-lui si elle a des désirs particuliers, mais aussi de quoi elle contente en regardant en arrière sur sa vie… Remerciez-la pour ce qu’elle a été et a fait pour vous. Ecoutez votre cœur. Et si vous pleurez ensemble ce ne sera pas grave. C’est normal. Je vous parle franchement pour vous insuffler le courage de passer à l’acte de transparence afin que ce qui reste à vivre soit paisible.