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Je me trouve en position de non-assistance à personnes en danger

Question du 30 janvier 2019

Le 7 septembre 2017, j’avais pris contact avec vous concernant mes parents qui vivent en Espagne et du placement en résidence de mon papa. Vous m’aviez apportée une réponse qui m’a beaucoup aidée et vous en remercie. Suivant vos conseils, j’ai été trouver mes parents à plusieurs reprises et beaucoup parlé avec ma maman. Un peu plus d’aide à domicile a été mis en place. Au mois de septembre 2018 m’a maman m’a appelée au secours car elle n’en pouvait plus. Déjà en 2017, j’avais remarqué qu’elle avait des difficultés de mémoires et en une année et plus maintenant, elle n’arrive plus rien à enregistrer, elle oublie tout dans la minute presque, des problèmes de retraits d’argent… elle ne se lave plus, ne fait plus à manger, etc… donc départ en urgence en Espagne et nous avons ensemble placé mon papa à la Résidence La Saleta (j’avais anticipé, au mois d’octobre 2017, prise de contact avec la directrice – qui parle français – de la résidence donc, il y avait une place pour mon papa). En arrivant chez mes parents (septembre 2018), quand j’ai vu mon papa, j’ai eu un choc tellement il avait maigri (je l’avait vu en juillet) horrible et il était sale et sentait pas bon et ma maman dans le même état. Le frigo vide, pas d’habits propres. Je ne vous parle même pas de l’état de la maison… Une fois sur place, le lundi, j’ai été avec ma maman trouver la directrice de la Saleta qui a été formidable. L’entrée a été prévue pour le mercredi. Tout c’est très très bien passé pour mon papa. Je suis restée 1 semaine avec ma maman et nous allions trouver papa tous les jours et tout allait bien pour lui. La réaction de ma maman a été des plus surprenantes, le soir même du placement, nous avons beaucoup parlé et elle était bien. Elle acceptait cette situation. Le lendemain elle m’a demandé mais pourquoi on a mis papa là-bas ??? j’ai tourné en boucle toute la semaine à lui rappeler que papa a besoin d’un encadrement et de soins spécifiques et que toi – qui a été admirable – ne peut tout juste plus, c’est toi qui est en train de sombrer. Tu es épuisée physiquement et moralement. Tu ne dors plus, etc,… J’ai forcément dû rentrer mais était assez confiante, une amie de ma maman allait prendre le relai et mon papa était bien. Par contre, mon mari m’a dit quand je suis rentrée « tu as pris 10 ans ». Le temps de rentrer en avion… elle a été le chercher à la résidence. Après ma maman me disait plus rien au contraire m’a reproché de m’être mêlée de sa vie. Aujourd’hui la situation a bien évidemment empiré et « l’infirmière » qui s’occupe uniquement de mon papa me tire le signal d’alarme à nouveau. Mes parents avaient rdv chez le médecin, donc j’ai pris contact avec lui et lui ai parlé de la situation et de mes inquiétudes. Le médecin a demandé un rdv chez un neurologue pour ma maman et pour mon papa, après examen complet à l’hôpital, il a besoin de manger… le médecin a demandé à « l’infirmière » qui s’occupe de lui de prendre contact avec la sécurité sociale pour mettre en place un plan de nutrition. Quand j’ai eu ma maman au téléphone, comme d’habitude, tout va bien et j’ai remarqué qu’elle n’avait aucun souvenir de la visite chez le médecin… J’ai peur que rien ne bouge…
Je pensais que le médecin allait demander le placement pour mon papa mais voilà, en Espagne, ils n’ont pas l’autorité pour exiger un placement. Il faut saisir la justice par le biais d’un avocat.
Cette idée me rend dingue mais que puis-je faire si rien ne se passe ? Je me trouve dans la position de non-assistance à personnes en danger ! Autant pour mon papa que pour ma maman.

Réponse de Lydia

Vous avez raison, pour ne pas tomber sous non assistance à personne en danger il va falloir prendre le chemin prescrit en Espagne pour pouvoir aboutir à un placement, mais non pas seulement de votre papa, mais aussi de maman, dans la même maison de retraite si possible. Au stade de la démence sénile de votre maman, vous ne pouvez plus la laisser gérer. Comme sa mémoire est défaillante elle ne comprend pas parce qu’elle ne vit plus dans la réalité. C’est une maladie mentale qui ne permet plus de se laisser guider par l’affectif et les bon sentiments, et il va falloir aussi accepter que votre mère soit fâchée avec vous. C’est comme avec un enfant par ex. à qui les parents doivent imposer une hospitalisation qu’on peut lui expliquer, mais qu’il ne comprendra pas. Et pourtant il faut le faire pour son bien qu’il ne comprendra que plus tard. La réalité est que vous vivez en Suisse et ne pouvez pas prendre les parents chez vous. Et ils ne peuvent plus vivre en autonomes.
C’est une réalité dure. Votre maman est en train de perdre sa mémoire et peut-être un jour ne vous reconnaîtra plus. Il s’agit déjà aujourd’hui d’un deuil pour vous, appelé deuil blanc, parce que vous êtes en train de perdre la mère que vous avez connue. La phase actuelle est la plus difficile parce qu’elle navigue entre la réalité et une déconnexion de la réalité. Elle se rend compte de ses limites et en même temps elle les nie. Et là, qui que ce soit qui la contrarie devient son ennemi. Je pense que c’est aussi vous qui avez besoin de soutien. Sachez que vous pouvez me joindre à la permanence gratuite le mercredi soir entre 18h30 et 21h au 022 740 04 77, et si vous vivez à Genève même venir sur place à la Servette pour une consultation.