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J’ai du mal à donner le tour face au décès de ma grand-mère

Je suis une jeune fille de 24 ans, j’ai du mal à donner le tour face au décès de ma grand-mère qui a eu lieu en octobre dernier. J’ai toujours eu une réelle phobie de la mort, peur que mes proches me quittent. Cela vient certainement du fait qu’à 8 ans j’ai assisté à la mort d’un de mes grands-père (crise cardiaque) alors que nous étions partis faire une balade en famille, ceci restera je pense un traumatisme, mais plutôt inconsciemment. En ce qui concerne ma grand-mère, j’ai toujours eu une relation très fusionnelle avec elle, je l’aimais énormément. J’ai dû partir à l’étranger en septembre dernier, ce qui a beaucoup affecté ma grand-mère, le fait qu’elle allait moins me voir etc. 1 mois après mon départ, j’apprend par téléphone que ma grand-mère a un cancer avancé du foi et qu’elle va décéder dans les 2 à 5 semaines qui suivent. Un choc terrible quand on ne s’y attend pas. Bref, le lendemain j’ai pris le premier avion pour la retrouver, elle est décédé 3 jours plus tard… La situation a été compliquée, En effet elle vivait en EMS depuis 2 mois et se plaignait depuis 1 mois de douleur très forte au ventre, les médecins de l’EMS n’ont pas jugé utile de lui faire faire des examens, supposant que c’était « psychologique ». Elle a alors souffert pendant 1 mois avant d’apprendre qu’elle avait un cancer. Aujourd’hui c’est un mélange de culpabilité et de tristesse que je n’arrive pas à disparaitre. Difficile d’en parler car les gens ne comprennent pas toujours que la mort d’un grand-parent peut être si mal vécue… Peur d’en parler avec ma famille pour ne pas remémorer de mauvais souvenirs… bref, je ne sais plus trop comment faire pour faire face à ce décès… Si celui-ci m’affecte autant je ne sais comment je réagirais lorsque ça sera quelqu’un de ma famille d’encore plus proche qui décédera (mes parents par exemple), c’est une hantise chez moi. En vous remerciant d’avance pour votre réponse. S’il y a des réunions de prévues cela m’intéresse.

Réponse de Lydia:

Merci pour le partage de votre souffrance, ô combien compréhensible. Il semble que votre grand’mère a été une sorte de deuxième maman. Combien il est normal qu’elle vous manque ! Est-ce que vous vous sentez coupable de sa mort ? La séquence des événements, telle que vous la décrivez me laisse penser cela. Peut-être vous vous dites que si vous n’étiez pas partie, elle serait encore là ? C’est une défense normale pour tenter de rendre la mort non avenue. Pourtant, il faut que vous sachiez que ce cancer devait être à l’œuvre depuis belle lurette déjà, des années probablement. Donc votre départ n’est pour rien dans cette maladie cancéreuse. Par contre, je vous trouve plutôt chanceuse d’avoir pu la revoir encore et sa mort rapide me fait penser qu’elle a lâché prise après votre arrivée. Ca c’est plutôt un cadeau ! Peut-être n’avez-vous pas pensé de lui dire adieu? Comme d’ailleurs à votre grand père mort subitement. Ce qui fait le plus mal ce n’est pas que l’autre meurt, surtout s’ils sont âgés, car cela c’est le chemin naturel de nous tous, mais de ne pas avoir pu aller au bout. Le mieux serait évidemment de voir un thérapeute pour travailler vos deuils et votre peur de la mort. Je n’ai pas de groupe prévu actuellement et suis les patients en individuel, mais renseignez-vous auprès de Caritas-Genève Tél 022 708 04 04 s’ils ont un groupe de deuil au programme. Mais il est aussi possible de faire un travail chez soi, comme écrire une lettre d’adieu à votre grand père et votre grand-maman. Une telle lettre contient dans la sincérité du cœur l’expression de tout ce que vous ressentez : la reconnaissance de ce que vous avez reçu de la personne défunte, tous vos remerciements, toutes les choses que vous n’avez jamais pu ou pensé dire, aussi les griefs, déceptions, regrets, s’il y en a. Il s’agit de clore la relation terrestre, sachant que la relation d’amour ne s’arrête jamais. Je conseille d’écrire en se prenant vraiment un temps à soi, devant une photo et une bougie allumée. Enfin, faites un rituel qui vous convient. Et s’il y a des larmes, ce n’est pas un problème parce que c’est normal. Quel dommage que vous n’osiez pas parler de tout cela avec vos proches. Faire circuler la parole, même si cela soulève des choses douloureuses, permet de ventiler plutôt que de créer un tabou. En parler aide le travail de cicatrisation psychique. Je vous conseille aussi de consulter le site « Traverser le deuil » www.traverserledeuil.com, à commencer par la rubrique Comprendre. Sous Être accompagné vous trouverez aussi des vidéos expliquant les processus et étapes du deuil. Je vous souhaite de progresser dans votre travail du deuil jusqu’à ce que vous trouviez l’apaisement et la certitude que votre grand-maman n’est plus séparée de vous mais une part de vous.