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Est ce opportun de continuer cet accompagnement apparamment infructueux?

Je suis régulièrement une dame 86 ans atteinte d’un cancer généralisé. Les 3 premières visites ont été des moments où Mme S. a fait le point sur sa vie. Elle a pu exprimer quelle était prête à mourir et n’avoir aucun regret ayant le sentiment d’avoir été au bout de ses engagements même s’ils étaient difficiles en raison du caractère odieux de son conjoint. Depuis qu’elle est tombée et hospitalisée, le caractère qu’elle a eu toute sa vie selon sa fille, pleine d’amour et de sollicitude, se transforme en despotisme et agressivité. Elle bloque sur les couches et d’être liée sur son fauteuil, les barrières au lit lui sont insupportables, mais comme elle ne semble plus dans un principe de réalité, je ne sais comment l’aborder. Tout ce que je dis est occasion d’agressivité, même juste la regarder. Médicalement elle n’a que très peu de sédatifs, elle ne souffre pas, les médecins pensent que les cellules cancéreuses ont émigrés au cerveau. Est ce opportun de continuer cet accompagnement et comment me situer, car tous mes essais sont restés infructueux ces 2 dernières visites ? Je reste en contact avec sa fille qui, elle, a besoin d’être entendue.

Lydia répond:

Bien sûr, vos visites sont toujours utiles, maintenant qu’il semble que la partie d’ombre se manifeste avec puissance. C’est un problème chez beaucoup de personnes super aimables : lorsque l’ego s’effrite, la négativité refoulée monte à la surface. La colère ravalée contre son mari y est peut-être aussi pour quelque chose. Ce n’est pas un mal que cela sorte maintenant, si vous pouvez accepter que vous ayez un rôle de paratonnerre. Mieux vaut que ce venin sorte en votre présence qu’elle reste seule avec ça. Même si des métastases auraient atteint son cerveau, ce qui surgit maintenant appartient à mon sens quand même à son inconscient. Si elle vous agresse, validez sa colère. Dites-lui par exemple : « Vous êtes très en colère, Madame, le monde entier vous énerve, n’est-ce pas, moi compris parce que moi je vais bien et vous allez mal. C’est vrai, rien ne va ici, ces couches, ces barrières, ça ne va pas. Vous êtes malheureuse de cette chambre, d’être dépendante. Mon Dieu combien c’est normal ! Vous n’aimez pas que je vous regarde, alors je ne vous regarde plus, mais je peux toujours vous écouter. » (Puis vous vous détournez un peu pour ne plus la regarder, mais en restant toujours en contact avec elle) « On pourrait même jurer ensemble sur cette vie merdique où plus rien ne va… » Ce serait bien si vous pouviez accueillir sa colère, même si vous en êtes sa première cible. Baissez-vous pour que vous ne la preniez pas en pleine figure ! Elle ne vous est pas destinée. Cette femme ne peut plus se voir elle-même, donc elle déteste que vous voyiez sa misère. Seulement dans un deuxième temps, lorsqu’elle s’est calmée un peu rappelez-lui la femme qu’elle a été, comment c’était à la maison lorsqu’elle avait tous ses moyens. Tout ce qu’elle a accompli, toutes les bonnes choses qu’elle a réussies, par ex. sa magnifique fille malgré un mari odieux etc. Vous pouvez aussi aider sa fille dans ce sens.