Aller au contenu

Directives anticipées bien réfléchies mais inapplicables dans la pratique

Je voulais te donner des nouvelles plus détaillées de mon papa, bientôt 80 ans, qui est toujours de ce monde ! Il va bien et est rentré chez lui il y a deux mois. Pour mémoire il a subi une greffe d’aorte et de valve cardiaque, compliqués par un AVC arrivé la veille de l’opération qui l’a paralysé du côté gauche ainsi que la déglutition. Après 10 jours aux soins intensifs, il a été hospitalisé dans un sale état en neurologie. Il avait des accès de violence et a 3 reprise il a arraché le tuyaux qui le nourrissaient et le médicalisaient. Il a été violent avec le personel infirmier et a du être attaché dans son lit. Après quelques semaines il a été tranféré dans un état meilleur bien que toujours préoccupant à Beau-Séjour pour une rééducation qui a duré 3 mois. Il a certes bien vieilli mais son coeur va très bien et il a presque récupéré de son hémiplégie. Il est autonome et a du plaisir à vivre bien que vite fatigué. Sa rage de vivre, l’expertise des médecins, le travail incroyable de rééducation et la plasticité de son cerveau, plus tout les soins énergétiques que nous lui avons prodigués lui ont donné une deuxième vie. Actuellement il a un défaut de vigilance sur la gauche, donc il ne peut pas conduire, et lorsqu’il marche dans un terrain irrégulier, il doit se concentrer pour ne pas trébucher. Pour revenir à notre sujet : si un temps aux soins intensifs j’ai pensé qu’il était l’objet d’un acharnement thérapeutique, la suite a montré que les médecins ont bien eu raison d’insister. De toutes façon il était autonome sur le plan cardiaque et respiratoire, et le débrancher aurait juste signifé le priver de nourriture artificielle. Je reste dans un souvenir pénible d’impuissance face à cette situation dans laquelle ses directives anticipées pourtant bien réfléchies mais tant sujettes à interprétation se sont révélées inapplicables dans la pratique. J’ai aussi beaucoup souffert en le voyant souffrir lui. Quelque part je me dis qu’il est peut-être plus facile d’accepter la mort que de voir un être cher souffrir pour une durée inconnue à l’avance. Je n’ai pas encore abordé le sujet avec lui. Il ne se rappele rien des 3 mois de souffrance entre la vie et la mort, entre le conscient et l’inconscience. Heureusement. Mais je pense reprendre ses directives pour voir dans quelle mesure on peut les rendre plus applicables. Je reste volontiers en contact avec toi pour partager les bénéfices de ce travail à venir et pour plus d’échanges si nécessaire, ce serait aussi un plaisir de te revoir.

Lydia répond:

Merci pour ce retour intéressant concernant ton papa. Tu vois, nous pouvons essayer de régler, de contrôler un maximum, et les directives anticipées font partie de cette tentative. Mais en fin de compte, la Vie s’arrange à nous confronter à ce que nous avons à vivre et à traverser pour apprendre encore et encore. Je ne sais pas ce que ton papa avait à apprendre par son expérience longue aux frontières de la mort. Il y a bien des choses qui se passent même durant l’inconscience. Observe si tu peux percevoir des changements. En fin de compte nous reste-t-il autre chose que de dire « Oui » à ce qui est ? (ou bien « Non » ? mais ce ne sera pas la même expérience). Je pense que l’ego a besoin des directives anticipées, mais la VIE est au-delà de ce type de préoccupation. Peut-être l’aventure s’appelle : Prêt à tout ?! Je te dis tout cela parce que je vois arriver tant d’imprévus, à nous qui aimerions tant tout prévoir ! En même temps je continue à croire que les directives anticipées sont utiles. Ce sera bien si tu pouvais reparler avec ton père de tout cela. C’est toi qui a été témoin.

Suite des événements du 25 mars 2013

Je réalise que je ne t’ai pas tenue au courant de la suite des événements concernant mon père et j’en suis navré. Et nous y sommes ! En annexe des photos de mon père sur les skis pour la première fois dimanche passé ! Il a fêté 81 ans vendredi. Il a passé une année 2012 assez difficile, mais les progrès sont là, grâce à son travail et sa persévérance. Son couple a été mis à rude épreuve, bien que son moteur principal soit l’angoisse, ma mère a tout donné pour le soutenir. Le coeur va bien. Les séquelles de l’AVC sont bien là mais à force de physiothérapie, de yoga, de sophrologie il progresse lentement mais sûrement. Encore tout ma reconnaissance pour ton soutien en 2011. Lydia répond: Merci pour ce beau retour. Ton papa est incroyable ! Encore si leste sur ses skis ! Qui l’aurait pensé lorsque la question a été de le débrancher ou pas ! La preuve, c’était quand même complètement juste lorsqu’il a répondu qu’il avait encore envie de vivre, même si, après, cela a été très dur de gérer les séquelles de l’AVC.