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Achevez moi, c’est un supplice, vite, vite, vite…

Jeudi dernier, à la maison médicale où je suis en stage de psychologue, une femme de 90 ans, atteinte d’un cancer du pancréas en phase terminale et qui avais fait partie de l’ADMD (asso Droit à mourir dans la dignitié) s’est soudain mise à hurler : « achevez moi, c’est un supplice, vite, vite, vite… ». Je me suis retrouvée bien impuissante face à une telle détresse… Qu’est-ce que tu aurais fait dans cette situation ???

Réponse de Lydia

Il me semble bien difficile de te dire ce que j’aurais fait, car il faut tenir compte de l’émotionnalité de la situation et de la poignante détresse de cette femme pouvant facilement devenir submergeante ou paralysante. Mais ce qui me vient en premier, j’aurais pu lui dire : je ne veux pas aller en prison, mais je vais crier avec vous que c’est vraiment insupportable (en lui tendant mon bras pour qu’elle s’y accroche ou le tape) et j’aurais crié avec elle contre l’insupportable souffrance, contre l’impossible supplice… Si j’étais dans une relation très proche, je pourrais même la serrer contre moi en répétant/criant avec elle : Oui, quel supplice insupportable !!! En tout cas, je ne vois qu’une chose : aller avec sa détresse, porter physiquement avec elle sa détresse, avec ma voix et mon corps, jusqu’à ce qu’elle se calme un peu. Portée à deux, ça devient plus supportable. Je l’ai déjà fait dans certaines situations. Evidemment à la maison c’est plus facile qu’à l’hôpital, mais là, je crois qu’il faut s’en foutre de ce que les autres pourraient penser. Il faut bien sûr aussi vérifier si la couverture morphinique est suffisante, mais cela ne pourra se faire qu’en un 2e temps, car courir chercher un médecin, c’est l’abandonner.