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Sur la la formation Cycle Court pour professionnels de la santé

En m’inscrivant aux sessions sur le deuil et l’accompagnement à la fin de vie, je croyais participer à un cours permettant d’acquérir des compétences dans ce domaine et entamer une reconversion professionnelle.

Ayant fait une attaque cérébrale en septembre 2003, je n’avais compris qu’intellectuellement qu’il faut parfois trouver le courage de faire face à ses souffrances et à ses propres pertes pour être à même d’accompagner les autres. Car autrement, comment comprendre (prendre avec soi) de l’intérieur la peur, la diminution physique, la colère, l’impuissance et tout ce que cela peut nous apporter en terme de bénéfices… oui oui oui, j’ai bien dit bénéfices.

Pendant le stage avec Lydia, elle a nommé et décrit avec précision certaines expériences douloureuses que je traversais et dans lesquelles je me sentais comme en prison. Les entendre décrites et reconnues pour ce qu’elles sont a été pour moi une libération. Enfin, me sentir comprise, mettre des mots sur des choses que je n’arrivais pas à exprimer jusque là et qui m’étouffaient littéralement, qui prenaient mon énergie vitale, m’empêchant de la consacrer à VIVRE véritablement et de passer à autre chose.

Et maintenant, toutes les difficultés ne se sont pas envolées comme par magie, mais malgré, avec ou grâce !! à mon handicap, je poursuis mon évolution, avec encore parfois des moments de découragements, mais aussi une aspiration à faire quelque chose de toutes ces expériences de vie qui ne sont créditées par aucun diplôme. Et surtout, j’ai retrouvé mon élan et mon enthousiasme. Je me demande même parfois si je les ai déjà sentis avec autant d’intensité… peut-être… oui, quand j’étais une petite fille et que mes rêves avaient encore des ailes.

Je me souviens du dernier jour de stage lorsque j’ai exprimé mes aspirations pour le futur. Une des participantes m’a confié en parlant de ce moment, que mes yeux brillaient et que j’étais rayonnante… Quel beau cadeau d’espoir… Et de quoi a-t-on le plus besoin quand tout s’écroule autour de nous et en nous ?

Faire le deuil (de bien beaux mots qui m’agaçaient un peu parce que galvaudés), mais surtout retrouver la confiance. Et faire tout ça dans un climat d’acceptation et d’humanité, c’est le bénéfice de ces quelques jours. Et pour ça, je ressens beaucoup de reconnaissance pour ce que Lydia a réussi à créer dans ces stages.

Dans les mois qui ont suivi, la psychiatre avec qui je travaillais m’a confirmé que lorsqu’on sort du déni (j’ignorais que j’y étais), on peut retrouver une énergie différente et que ce qui est difficile peut encore changer. J’en ai fait l’expérience pratique, entre autre parce qu’accepter plutôt que résister m’a permis de placer la barre moins haut et de trouver des satisfactions là où avant, il n’y avait que de la frustration. Mais de tout ça, je n’étais pas vraiment consciente.

Rien n’est jamais gagné… la vie est faite de petites victoires.

Merci à toi, merci à moi

Lucie Moisan