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Que faut il avoir réglé avant d’aller vers les manques et les regrets ?

J’ai rencontré une femme qui a perdu son fils âgé de 22 ans dans un accident de moto il y a 2 ans. Elle habite mon village. Je lui ai proposé de nous revoir, elle le souhaite, car elle sent qu’elle perd pied de nouveau. Les psy lui donnent des médicaments. Ma question est : comment établir un canevas d’aide? Je lui ai demandé si elle était allée dans la colère, si elle avait eu des accusations? Elle a dit qu’elle en a voulu à Clément qui a pris des risques, alors qu’elle lui avait dit combien elle n’était pas d’accord avec l’achat de sa moto. Un temps elle avait même retourné toutes ses photos par colère et lui avait ensuite demandé pardon de cela. Que faut il avoir réglé préalablement avant d’aller vers les manques et les regrets ? Je lui ai dit que lorsque nos proches décèdent jeunes, c’est qu’ils sont venus pour nous apprendre quelque chose. Trouver du sens apaise. J’ai si peur d’être maladroite en voulant bien faire, surtout aller trop vite dans les exemples par ex. en parlant de la fête de souvenir que j’ai organisée pour Pierre, mon mari. Merci pour votre aide.

Lydia répond:

C’est déjà précieux pour elle que vous lui offrez un temps de parole. Pouvoir tout dire à quelqu’un qui comprend parce qu’il connaît la perte d’un proche est déjà un cadeau. La majorité des gens est trop mal à l’aise pour aborder la souffrance d’une maman ayant perdu son enfant, même 2 ans après. Peur de faire mal, peur de ne pas savoir quoi dire, l’idée aussi que cela devrait être maintenant terminé… Il est judicieux d’identifier de quoi elle souffre actuellement dans son deuil. Il me semble sa colère n’est plus un problème vu qu’elle l’a bien reconnue et exprimée. Ce serait seulement un problème si la colère cachait sa tristesse et la souffrance de l’absence du fils. Généralement c’est quand même l’absence qui cause la douleur la plus cruelle. Une lettre à son fils dans laquelle elle dit tout son cœur de maman, tous ses sentiments, pourrait être un bon outil pour qu’elle voie peu à peu aussi ce qu’elle a reçu de ce fils et que d’extérieurement absent il devienne présent dans son cœur. Il est vrai que ma propre manière de lire la mort des enfants et des jeunes n’ayant pas eu le temps de s’accomplir eux-mêmes, est qu’ils ne sont pas venus pour leur propre évolution mais pour aider leurs proches à évoluer et à se réveiller à leur propre vie. Mais il faut être prêt pour regarder la mort sous cet angle-là. Témoigner de son propre chemin de deuil parcouru, de ce qui vous a aidé, peut être très bien, si c’est un partage et non pas une injonction comment aussi l’autre devrait faire. Normalement, vous saurez aussitôt si vous avez été décalée ou trop vite, car la réaction en face le montre. Si c’est le cas, excusez-vous simplement pour votre maladresse. A vouloir trop aider on n’aide plus.