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Je m’aide beaucoup de la nourriture des « Dialogues avec l’Ange »

Je vous contacte sur le conseil d’Hélène Couzin. J’ai 60 ans et je suis atteint d’une sclérose en plaques depuis 1999. Aujourd’hui je ne peux plus faire aucun transfert et tout changement de position nécessite l’utilisation d’un lève personne. Depuis peu j’ai des troubles de la vue et si j’ai réussi à accepter les premiers handicaps j’ai du mal à accepter celui-ci. Je m’aide beaucoup de la nourriture des « Dialogues avec l’Ange » mais cette nouvelle étape est difficile. Je vous remercie.

Lydia répond:

Je vous remercie vraiment pour votre message, car les personnes atteintes dans leur corps comme vous, ont généralement plutôt envie de se retirer dans leur bulle. Que vous dire ? Votre épreuve est costaude : déjà vous avez dû renoncer à tant de choses dans les derniers 10 ans. Quand on est atteint d’une maladie aussi redoutable comme la sclérose en plaques qui enlève peu à peu tous les moyens, on est engagé dans un véritable marathon lors duquel la vie vous demande de renoncer au fur et à mesure à tout : à votre autonomie, à des activités les unes après les autres. Aujourd’hui vous êtes face à un nouveau trouble atteignant vos yeux. D’abord tout mon respect, car vous dites que vous avez réussi à accepter vos premiers handicaps. Cela m’intéresserait de savoir comment vous avez fait pour accepter vos pertes précédentes. Car ce n’est pas évident du tout. Accepter n’est pas se résigner, n’est pas? Nous souffrons toujours là, où nous sommes attachés. Les yeux ont probablement une signification particulière pour vous, ils sont spécialement précieux. Vous êtes un lecteur assidu des Dialogues avec l’Ange, mais si je peux vous donner un conseil de psychologue spirituel, à l’endroit où vous êtes, il est permis de vous révolter, même contre Dieu.

Vous avez le droit de consciemment vous disputer avec Lui. Ne mangez surtout pas votre douleur à l’intérieur de vous, ça vous ferait du mal ! Cela mènerait à la résignation qui est absolument à éviter. Crier votre douleur vous permettra d’identifier pourquoi c’est plus difficile avec vos yeux qu’avec les autres pertes. Puis, à un moment donné laissez Le aussi vous répondre ! Un ami qui a failli perdre la vue et qui est maintenant à moitié aveugle m’a dit que ses yeux malades l’aident à regarder en dedans. Peut-être c’est un début de réponse. Car toute perte à laquelle on a pu dire oui (càd qu’on a accepté), devrait ouvrir une porte vers un gain ailleurs. Seulement, notre petit moi n’aime pas qu’on lui enlève ce à quoi il tient, ni ne voudra-t-il savoir ce qu’il pourrait gagner, privé de ce à quoi il tient. Nous avons tout à apprendre de gens comme vous, obligés de se battre au quotidien avec leur corps malade et défaillant. Donnez-moi de vos nouvelles, comment vous avancez. Parmi les personnes que j’ai formées à l’accompagnement il y a un homme, Marc, atteint comme vous de la SEP et qui est disponible de répondre par téléphone et d’écouter d’autres malades. Il habite dans le Nord-est de la France et son No de téléphone est le 0033 3 382 24 31 36. Je suis sûr qu’il pourra être d’un réconfort pour vous. Recevez tout mon respect pour le combattant que vous êtes.

Suite de cette question:

D’abord un grand merci pour votre réponse. J’avais commencé à vous répondre en parlant de l’acceptation, une petite voix me disait : approfondis ! Alors est revenu votre questionnement « Accepter n’est pas se résigner, n’est-ce pas? » J’étais totalement d’accord avec vous, et je me disais que j’avais franchi cette étape. Et bien non, dans ma nouvelle difficulté j’étais dans cette étape et je ne me rendais pas compte. Il faut croire que chaque difficulté nous fait recommencer au départ, il n’y rien d’acquis. Votre question m’a fait prendre conscience concrètement de ce fait. Cela m’a troublé dans un premier temps. Alors je n’avais rien compris, toute ma recherche avait été inutile ? Non elle m’a fait comprendre que cette étape était chez moi encore incontournable et en même temps maintenant je la connais, je l’ai déjà vécue. En la reconnaissant, je peux maintenant la franchir plus vite. Alors j’ai commencé à écrire ce que j’avais vécu. Quand j’accepte, je connais un apaisement et cet apaisement est encore plus fort lorsque je prononce à voix haute « j’accepte ». Je ne sais pas pourquoi mais ça marche et c’est l’essentiel. Aujourd’hui je pense que je dois mettre mon trouble en mots et le prononcer à voix haute avec l’acceptation. Je pense que vous pouvez beaucoup m’aider sur cette mise en mots. Je crois aussi que l’acceptation a ses propres niveaux et qu’ils sont à atteindre. J’y vois un cheminement essentiellement personnel vers une profondeur nouvelle. Je peux dire que l’acceptation est un mystère, il m’appartient suivant mon histoire d’en lever le voile. Je crois que l’acceptation est à elle seule un chemin, et ce chemin est unique pour moi et chacun de nous, ce qui en fait son charme et aussi sa complexité. Sur ce chemin je fais des rencontres comme la vôtre qui vient m’éclairer et me solliciter, elles sont des aides précieuses. Au début de ma maladie j’attendais tous des aides extérieures aujourd’hui j’ai compris que ces aides sont des éclaireurs mais que la solution est en moi-même et qu’il m’appartient de la trouver car elle est unique. J’espère que sur ce chemin je trouverais mon nom Quant à la révolte contre Dieu je ne me l’autorise pas vraiment, c’est pour moi encore un interdit.

Suivi de la réponse du 5.6.09

Mise en mots de mon trouble suite à ma difficulté naissante de la vue : L’acceptation avec les yeux est plus difficile car j’ai peur d’un isolement, j’ai peur d’un enfermement. Je me sens claustrophobe. Je me sens comme prisonnier. Je mesure aussi que je ne pourrais plus me diriger seul mais cela ne m’inquiète pas autre mesure, cela ne m’envahit pas. C’est la peur de l’isolement qui est la plus grande. En la mettant en mot elle perd de sa force. Aujourd’hui je peux dire à haute voix « j’accepte d’avoir peur d’un isolement » j’éprouve un réel apaisement. Ce travail de mise en mots de l’identification de ma peur est salutaire et a permis l’acceptation de cette peur, l’apaisement a été renforcé par la parole. Maintenant je laisse faire avec confiance l’arrivée d’une prochaine « dimension ». C’est avec joie que j’aurai plaisir à vous la témoigner. Merci d’avoir sollicité le possible en moi

Lydia répond :

Quel bonheur de vous lire et d’assister en (presque) directe au chemin parcouru. J’en suis sincèrement impressionnée. Vous souleviez un problème humain fondamental avec votre résistance à perdre la vue: Comment passer du non au oui ? Vous avez raison, l’acceptation est un chemin et d’abord il faut s’accepter dans sa résistance pour aller plus loin. Ca ne m’étonne pas que de dire à haute voix « j’accepte ma peur » vous ait aidé, car la voix souligne sensoriellement le message donné au petit moi. D’une certaine manière vous n’êtes plus tout seul, car le grand en vous accompagne le petit. Une idée : vous pourriez faire l’expérience de fermer intentionnellement les yeux pendant un certain temps plus ou moins long (à vous de décider le supportable). Puis explorez dans ce noir vos perceptions, vos sensations et sentiments, pour vous familiariser avec ceux qui émergent quand un sens disparaît. Recevez tout mon respect.

Suivi de la réponse du 6.6.09

Un petit mot rapide. Je comprends mieux pourquoi la parole est créatrice. Je n’avais pas compris que le « grand »accompagne le « petit ». Je suis heureux de l’avoir vécu sans l’avoir compris auparavant. C’est pour moi un signe fort sur le chemin. Merci de cet éclairage. Je sais maintenant que je ne suis pas seul. J’ai fait connaissance tout naturellement. Après la mise en mot de mon trouble est venue la prise de conscience du cadeau de la vue. Je me suis émerveillé de ce don. Maintenant qu’est-ce que je fais de ce don ? Je me sens responsable de ma vue sans pouvoir en dire plus. Depuis que j’ai fait le travail d’acceptation je n’ai pas connu de nouveaux troubles de la vue : hasard ?

Suivi de la réponse du 18. 11. 2010 :

Il y a juste un an je vous envoyé un dernier message. La maladie continue à évoluer, jusqu’à maintenant j’arrivais à accepter j’ai même connu des moments de paix. Aujourd’hui je suis dans un vide, il n’y a plus d’écho en moi, je me sens très seul. Est-ce une étape ? Je suis un peu, beaucoup perdu. J’ai perdu confiance. Quelle est l’attitude juste dans cette période?

Lydia répond:

Si je me souviens bien, vous aviez fait quelques expériences transformatrices par l’acceptation de vos peurs de perdre les yeux à l’époque. Vous aviez dit aussi que l’acceptation se reconquiert constamment. Je trouve magnifique que vous pouvez dire : jusqu’à maintenant j’arrivais à accepter, j’ai connu des moments de paix. Il faut l’entendre de la bouche d’un homme gravement atteint de la sclérose en plaques. Probablement le piège était d’espérer que l’acceptation dure, peut-être même qu’elle ralentisse ou stoppe, voire fasse régresser la maladie. Or, la Vie vous place apparemment devant une nouvelle épreuve : aujourd’hui vous n’arrivez plus à l’accepter comme auparavant. Ne plus rien sentir, plus d’écho, est-ce parce que vous avez l’impression que Dieu vous a abandonné ? Vous LUI en voulez de vous laisser tomber et qu’IL laisse progresser la maladie ? Alors reconnaissez votre révolte, criez votre désarroi, soyez honnête avec ce que vous sentez et confiez-le-LUI. Faites comme il y a un an : nommez et reconnaissez ce que vous sentez et recommencez par accepter ce que vous sentez. Peut-être la progression de la maladie d’Hélène y est pour quelque chose ? Et tout vous paraît à nouveau injuste. Adhérer à ce qui est, cela veut dire en ce moment : adhérez d’abord, c’est-à-dire dites « oui » à ce vide, à ce non-sens. L’autre jour je suis tombée sur une phrase trouvée par les soldats alliés, griffonnée sur un mur par une des victimes de l’holocauste : Je crois au soleil – même quand il ne brille pas Je crois à l’amour – même quand il ne se montre pas Je crois en Dieu – même quand Il se tait Dieu n’est pas parti ! Rappelez-vous : quand nous perdons quelque chose, c’est pour gagner ailleurs. Je ne sais pas où la Vie veut vous mener, mais surtout ne prenez pas ce que vous vivez actuellement comme une punition, ni comme une calamité, mais comme une épreuve ou mieux encore comme une aventure dont vous ne connaissez pas (encore) la suite. Nous sommes de petits humains qui croyons toujours que lorsque nous avons atteint un sommet que nous allons y rester. Quoi qu’il en soit, tout mon respect devant l’homme qui continue à chercher.

Suivi de la réponse du 18. 11. 2010 :

C’est dans la joie que j’ai reçu votre mail. Quelques larmes ont coulées, moi qui ne pleure jamais. Votre écrit est juste, mon acceptation a un arrière fond de vouloir guérir et je me sens trahi lorsque la maladie progresse. Je suis dans le « à quoi ça sert tous mes efforts d’acceptation, je mérite mieux… » Je vois même mon ego voulant reprendre la main sous la forme « je vais vous montrer qu’avec la spiritoualité je vais m’en sortir ». Face à cette progression mon ego est en échec. Est-ce que je cherche à régler un compte? qui est ce « vous allez voir ! » ? Oh oui ! je fais partie des hommes qui croit que lorsqu’ils ont atteint un sommet ils peuvent y rester. Je vais redescendre dans la vallée emportant dans mon cœur la paix du sommet. Merci, l’aventure qui EST peut continuer.

Suivi de la réponse du 30. 11. 2010 :

Déjà merci de votre réponse rapide. Spontanément je commence une réponse sans savoir où je vais. Je laisse aller l’écrit sans chercher une bonne réponse à la question « à qui adressez-vous ce « vous allez voir ! » ? A qui voulez-vous prouver quelque chose ? » Depuis toujours je sens en moi une autre dimension. J’en parle mais je n’arrive pas à la partager et tout particulièrement avec mon épouse. Au début de ma maladie j’ai fais une retraite charismatique. Cela s’est très mal passé je suis rentré à la maison déboussolé, cette retraite avait renforcée ma culpabilité de pécheur. Ma famille m’a récupéré en petits morceaux et a maudit cette retraite. Je me sens mis en cause dans ma recherche. Au fond de moi je sais que ma recherche est juste et je veux montrer que j’ai raison. En écrivant cette phrase je prends conscience qu’elle est importante pour moi, elle est venue spontanément, elle est un message pour moi. Avec la première partie je suis en contact avec le JE, dans la deuxième partie « le petit je » cherche à reprendre la main. Je passe l’essentiel de mon temps et de mon énergie à ce « vous allez voir » et c’est fatiguant. En voulant imposer la deuxième partie aux autres, j’obtiens l’effet inverse. J’éprouve même du ressentiment vis-à-vis des personnes qui n’adhèrent pas à mes idées et je me coupe d’elles. Au fait « vous allez voir » mais quoi ? Que je suis quelqu’un d’important grâce à ma spiritualité. Ceci explique mon trouble face à la progression de la maladie, ce ne serait pas la progression de la maladie qui me ferait peur, mais l’échec de celui qui veut montrer aux autres qu’il a raison. La peur de perdre ma possibilité de devenir important aux yeux des autres. Lorsque je dis que je me sens mis en cause dans ma recherche, c’est la non-reconnaissance qui me fait mal. Je veux me valoriser par cette recherche, je cherche une étiquette du type « cet homme est un chercheur spirituel ». Comme je ne le suis pas, je le reproche aux autres. En cherchant ce statut d’homme spirituel, je me coupe de ma véritable dimension spirituelle. En cherchant, en réclamant, en prétendant à un statut extérieur je me coupe de ma vie intérieure possible et j’accuse mes proches et particulièrement mon épouse de m’en priver. Le statut est une illusion, je veux être reconnu ce n’est plus un statut que je cherche c’est une statue (sourire). Et oui je ne fais pas dans la demi-mesure. (re sourire). Que c’est libérateur de m’accepter tel que je suis et de me regarder avec humour jusqu’à en éprouver de la tendresse.

Lydia répond:

Tout mon respect au chercheur en vous pour le parcours intérieur que vous venez d’accomplir. Vous avez vu très juste. La première partie de votre phrase « Je suis quelqu’un d’important » (ça veut dire dans les yeux de Dieu) est juste, mais la suite « grâce à ma spiritualité » est fausse, car toute raison donnée émane toujours du petit moi. La quête de devenir important dans les yeux des autres est toujours vouée à l’échec, car cela nous rends dépendants d’autrui et de plus nous récoltons toujours le contraire. Cette conscience doit être en nous, jumelée simultanément à la conscience de notre petitesse. Que votre maladie progresse ou non est égal dans Ses yeux, car ce qui compte est que vos yeux rayonnent l’Amour. C’est le seul but. Des yeux rayonnant d’Amour malgré un processus de maladie progressive invalidante bouleversent tout le monde sur terre. En effet, en voulant avoir un statut de chercheur spirituel on le perd, comme lorsque je veux avoir l’illumination, je la rends impossible. Toute velléité de posséder quelque chose, appartient au petit moi. « Être » comme l’illumination passe d’abord par quelque chose de moins et non pas de plus. Avec ce sourire de tendresse sur votre petit moi vous rejoignez le regard de l’Être de Lumière sur nous humains, tel que ceux aux frontières de la mort le découvrent et nous le décrivent dans toutes les expériences de NDE (expérience de mort imminente).