Aller au contenu

J’aimerais tant croire qu’il existe une dimension d’amour

Question du 20 janvier 2016

Je vous écris aujourd’hui parce-que vous m’avez énormément aidée, ainsi que ma sœur, lors de la fin de vie de notre père en 2014, décédé depuis d’un cancer foudroyant de la vésicule biliaire. A l’époque, je venais d’accoucher de mon premier enfant lorsque j’ai appris la terrible nouvelle de sa maladie. J’ai aujourd’hui deux enfants dont une qu’il n’aura jamais connue.
La vie a repris son cours, et bien que je me sente parfaitement heureuse en tant que maman et dans mon métier (je suis psychothérapeute), je ne cesse de m’interroger à propos de la mort. J’en suis arrivée à lire toute une série d’articles et de témoignages concernant les NDE. J’aimerais tant croire qu’il existe une dimension d’amour inconditionnel qui échappe à notre perception terrestre, mais lorsque j’y pense, une voix me dit très vite que c’est pour me rassurer et que rien de tel ne peut exister. Que la fin du corps signifie la fin de la conscience. Et donc que je ne retrouverais jamais mon père…
J’avais besoin de vous en parler aujourd’hui, et je le fais brièvement mais je pourrais tergiverser des heures à ce sujet, ce que je préfère vous épargner. Néanmoins, mes questions restent logées en profondeur, et je ne sais qu’offrir de mieux aux personnes endeuillées que j’ai a accompagner sur leur chemin de vie dans mon métier en terme de spiritualité. Car dès qu’un semblant de discours teinté de religiosité vient se mêler de ces débats, je suis dérangée, cela me donne envie de fuir et ne correspond pas à mes valeurs, car je me sens profondément athée. Je distingue religion et spiritualité. Je ne sais pas si vous me suivez…
En fait, j’aurais aimé vous demander ce que vous pensez de tout ceci, et cela fait un moment que j’y pense. D’avance, je vous remercie pour le temps que vous prendrez pour me lire, et vous souhaite une très bonne année 2016.

Réponse de Lydia

Je vous remercie pour votre retour et je vois bien combien que vous êtes sincèrement en quête.
Votre distinction entre religion et spiritualité me correspond tout à fait, je les distingue aussi. Pour moi, la spiritualité signifie être en quête de sens, donner sens à notre existence, à nos épreuves, à notre trajectoire… Les religions tentent toutes à donner des réponses, mais leur directivité et leurs règles ont tendance à enfermer et souvent à infantiliser. Mais le terme Dieu et ce qu’il véhicule est souvent une projection de notre père et de l’autorité. L’homme essaie de nommer l’innommable. Donc, de toute façon c’est illusoire. Comme disait je crois Satprem, vouloir comprendre Dieu c’est comme si la fougère prétendrait comprendre l’homme. 
Donc, oui la spiritualité est importante dans ma vie et la fin de vie et la mort sont pour moi des événements hautement spirituels. Mais c’est l’expérience auprès des mourants qui m’ont fait comprendre cela et que, lors de ces événements, nous touchons à des dimensions nous dépassant. J’en ai parlé dans  mon livre La fin de vie une aventure. Je crois bien que seulement l’expérience vécue peut convaincre l’athée que vous êtes. Alors cela deviendra une intime conviction qui n’a plus besoin de la foi ni des croyances. 
Mes accompagnements du deuil sont évidemment teintées par cette intime conviction qu’il existe d’autres dimensions et je vois beaucoup de personnes endeuillées  qui ont une sensibilité accrue et des perceptions et observations de phénomènes étranges et irrationnels. Je n’ai pas de problème à les croire, d’ailleurs, si ce n’était pas le cas, elles n’en partageraient rien.
Je vous suggère une lecture qui pourrait vous éclairer, écrite par une athée pure et dure (en tout cas avant qu’elle ne rencontre des mystères) : Valérie Séguin, Les trois jours et demi après la mort de mon père. Ed. Les Arènes. Je ne peux que vous conseiller de continuer votre quête. Ceux qui cherchent ont tendance à trouver !