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J’ai souffert d’un manipulateur intelligent et intéressé

Pourriez-vous m’aider ? Vous serait-il possible de mettre en mots l’état d’une personne (moi) au lendemain de la perte de mon époux (40) et de notre fils unique (14)?
C’est la situation dans laquelle je fus en 1991, peu de temps après, un homme (qui me quitte aujourd’hui ) a profité de la situation pour se nourrir de mon lait « argenté » ,je dois maintenant pour la justice décrire avec des mots justes l’état dans lequel je pouvais être à ce moment là ?!!! pour me tirer d’affaires et pouvoir rester dans ma maison.
Comprenez que j’ai souffert d’un manipulateur intelligent et intéressé, je le découvre maintenant…
Comprenez-vous quelque chose ? Je suis à votre disposition pour tout éclaircissement … Merci infiniment

Lydia répond:
Je veux bien vous aider à trouver les mots justes, mais j’ai besoin que vous me disiez plus.
Je peux seulement imaginer ce que vous viviez lors de la perte de votre mari et de votre fils. Mais j’ai besoin d’entendre ce que vous viviez.
Pour cela il faudrait que vous me racontiez votre histoire, ce qui est arrivé, de quoi ils sont morts ? ensemble?
Puis je ne comprends pas ce que veut dire « lait argenté ».
Si je comprends bien cela fait presque 20 ans que vous vivez avec cet homme ? Est-ce qu’il vous a consolé alors ? Comment il vous a-t-il trompé ?
J’ai besoin de comprendre plus, si je veux trouver des mots justes.

Suite de cette question:

Merci pour votre réponse . Je crois ne pas m’être expliquée simplement.
La question est : « Comment techniquement et professionnellement décrire au plus juste , quelqu’un qui à la fois perd son époux et son fils (dans une accident de voiture). Mon décor de vie a changé en quelques secondes …

Lydia répond:

Ce que je sais par des témoignages est que suite à un accident où un être cher disparaît brutalement (dont la pire perte semble bien être celle de l’enfant), la personne endeuillée se trouve plongée d’abord dans une anesthésie émotionnelle liée à l’état de choc, car les émotions sont trop douloureuses.
Souvent elle vit dans un état de zombie qui continue à vaquer à ses occupations, sans émotions, car elle est dans un état de dissociation. Elle se trouve jetée dans le vide, la vie n’a plus de sens, elle est comme anéantie.
Il faut tout un temps pour admettre la réalité douloureuse et parfois encore plus de temps pour exprimer les émotions.
Si elle ressent de la colère, mue par le sentiment d’injustice que l’événement soit arrivé (contre Dieu, le coupable, le disparu …), cela peut l’aider à retrouver une certaine énergie.
Mais le pire est quand même l’innommable absence, le manque, le chagrin sans fond, de pleurer jusqu’à plus de larmes.
Une telle personne doit trouver de l’aide de professionnels pour réapprendre à vivre, pour retrouver son énergie et pour retrouver un sens à sa vie. Elle a besoin d’être entourée par la chaleur de proches, d’amis, car elle est extrêmement vulnérable.
La reconstruction peut prendre des années. Lorsque pendant cette phase de bouleversement quelqu’un de très gentil se trouve là et tend les bras, il me semble bien possible que l’endeuillé puisse tomber dans ses bras et s’y accrocher.
Sa chaleur comble un peu le vide. Mais cela peut aussi créer une dépendance affective. Voilà, peut-être mes mots vous aideront-ils à trouver les vôtres ?

Suite de cette question:

Merci pour votre partage explicatif et plein de chaleur…
C’est exactement comme cela que les choses se passaient. Assez bizarrement, je n’en ai pas voulu à la personne ayant provoqué l’accident, c’était un homme « perdu » endeuillé, séparé de son épouse et alcoolique, il décèdera 3 mois après l’accident
Je ne sais aujourd’hui pas bien expliquer en mots l’absence de notre fils, du comment il (s) manque(nt).
C’est comme si je m’étais préparée à cette situation, c’est bizarre ; entre nous 3, nous parlions de la mort et de comment l’un et l’autre aimait à être enseveli !!!
Le cas de figure qui s’est présenté en 1991, nous n’y avions jamais réfléchi !!! Moi je travaillais dans une banque et dans ces années là, il y avait des braquages sans arrêt et cela nous faisaient réfléchir.
Avec cette peur de ne plus se retrouver le soir éventuellement, nous nous quittions chaque jour matin, en vérité et en conscience, comme si c’était la dernière fois …
C’est comme si Guy et Geoffrey étaient encore vivants … chaque jour je les vois, dans un de leurs objets, ou leurs visages me passent en tête, ou une voix d’enfant me rappelle , ou……. Bien souvent je dis, s’ils reviennent maintenant, je leurs demanderais d’où ils viennent ??!!!
Je ne les ai pas vu décédés, cela m’a été interdit.
Le temps s’est arrêté aussi, moi dans ma tête, on dirait que j’ai toujours 40 ans, mon vestimentaire d’une femme de 40 ans et je crois toujours pouvoir faire les choses comme je les faisais à 40 ans… !!!
Maintenant presque 19 ans après, lorsque j’en parle, c’est toujours avec beaucoup d’émotions et je crois que c’est « comme si c’était hier »…
Je n’ai jamais rien regretté, tout avait été dit et partagé, je suis quelqu’un qui se donne entièrement et je n’avais rien à cacher à qui que ce soit …
je vis actuellement pour leur rendre témoignage, ils m’ont fait la grâce de me propulser à un autre niveau de conscience, en mourant, ils ont donné sens à ma vie …
le chemin n’est pas toujours simple, mais il est bon et beau, je me sens grandie à travers cette souffrance…