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Il dit vouloir mourir, prend une attitude « de mort »

Nous avons dans notre institution un Monsieur âgé de 85 ans environ. Il est rentré chez nous voici 10 mois, pour cancer de la vessie en phase terminale. Ce Monsieur « pisse le sang » en permanence, dort une bonne partie de la journée mais …… est toujours là ! Il dit vouloir mourir, prend une attitude « de mort » et désespère tous les jours de se réveiller. Il a une compagne qui vient le voir 1 fois par semaine. Elle a beaucoup de difficultés pour se déplacer. Ils se parlent tous les jours au téléphone. Monsieur dit qu’il se fait du souci pour elle lorsqu’il ne sera plus là. Mais à l’évidence…. cela ne changera pas bien la vie de cette compagne puisque, de fait, elle vit seule depuis plusieurs mois. De plus elle a un fils (d’un premier mariage) qui s’occupe beaucoup d’elle. Les équipes ne savent plus, et moi non plus, comment aider cet homme ? Comment l’accompagner au mieux ? Que veut dire dans cette situation « accompagner » ? Merci pour ton aide.

Réponse de Lydia :

D’après ce que tu m’écris j’ai le sentiment que cet homme a besoin d’entendre de la part de sa compagne qu’il puisse partir tranquillement, qu’elle va continuer son chemin sur terre et qu’elle trouvera du soutien pour elle pour continuer à vivre dignement et pour qu’il soit fière d’elle. Je pense à l’enfant qui ne mourait pas jusqu’à ce que ses parents lui disent qu’ils vont tout faire pour redevenir heureux. Mais pour cela il faudrait bien que vous parliez d’abord avec sa compagne de comment elle se représente l’après, ses croyances, ses peurs… et si elle est d’accord – dans son cœur et non pas seulement de la bouche – qu’il parte, qu’il puisse lâcher son souci pour elle et qu’elle va se débrouiller avec l’aide de son fils … Possiblement, c’est à elle de l’aider à « s’expulser » pour rejoindre l’autre monde. Vous pouvez lui expliquer cela avec la phase de l’expulsion de la naissance et que, comme le bébé, les mourants ont souvent besoin de l’aide dans la transition = la permission de lâcher. Cherchez où elle le retient. Il me semble aussi important qu’elle le remercie du souci = amour pour elle. Ce souci donne un sens à la vie du mourant. Je ne me gênerais pas non plus de dire à ce Monsieur, vu qu’il est toujours là : « il doit y avoir un part en vous qui n’est pas encore d’accord de lâcher. Cherchez en quoi vous avez encore besoin de vous cramponner. »