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Et la vie semble me dire: « Attends, peut-être… »

Quelques mois que je ne t’ai pas donné de mes nouvelles dans ce long couloir de la maladie !!! Le chapitre que tu m’as envoyé m’a été d’une très grande utilité, et je m’en sers forcément encore lorsque je ne sais pas faire par moi-même… Mon cancer est parti se réfugier dans mon poumon droit, j’avais du liquide, 1.7 l qui a été ponctionné et les analyses sont positives. Ils me changent de chimio, car ces cellules ont résisté à la première chimio. Je recommence donc la semaine prochaine une chimio qui a des effets secondaires sur le cœur. Je dois subir des examens pour le cœur avant de la commencer ! C’est une nouvelle expérience que cette chimio. Je suis vraiment dans le « long couloir des contractions de la maladie », des « allers et retours », car dans mon ventre c’était en rémission … Je suis abattue ces jours ci, l’incertitude est de nouveau là, car j’avais repris un peu de vitalité, et de forces, et je me sentais de nouveau pleine d’élans pour faire de nouvelles choses ! Et la vie semble me dire: « Attends, peut-être… » As-tu vécu ces allers et retours – car la maladie est toujours là – Est-ce que c’est vivre au jour le jour en savourant ce qui se passe et accueillir celle qui a peur les autres jours ?

Lydia répond:

Je n’ai jamais vécu personnellement une rechute d’une telle gravité, je connais juste les hauts et las bas à l’intérieur de la chimiothérapie. Mais à l’endroit où tu es, où tes plans sont croisés par une évolution assez grave et au futur incertain, tu as tout à fait saisi ce à quoi la vie t’invite. En fait ta question contient déjà la réponse qui me paraît totalement juste: Oui, quand on ne maîtrise plus rien, ce qui nous reste est vivre au jour le jour en savourant, comme tu dis si bien, ce que la vie t’offre de bon: goûter d’avoir passé un nuit assez bonne, la présence de ton conjoint et le thé qu’il t’a préparé, le jeu des nuages dans le ciel… C’est dans le petit et tout simple que cela se joue. J’aime beaucoup ce que disait Gabriel Marcel : » La gratitude est gardienne aux portes de l’âme contre les forces de destruction. » Et les moins bonnes choses, essaie aussi de les recevoir comme des creux de vagues qu’il s’agit de passer en patience. Surtout ne lutte pas contre tes états d’âme comme la peur, la frustration, l’exaspération, la déception. Accueille toi-même autant que tu peux. On atteint l’acceptation en dépassant les « non », et non pas en les refusant ou en les jugeant. Si tu peux traverser ces temps difficiles comme une femme traverse les contractions lors de l’accouchement, en profitant des accalmies et en te laissant flotter durant la contraction douloureuse, tu vas rencontrer d’autres profondeurs de la vie que seulement de tels vécus peuvent offrir. Tu es bien en train de t’accoucher à toi-même.