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Elle se dit qu’elle doit lui pardonner mais ne sait comment

Mon amie vient de perdre son père. On lui a fait des éloges funèbres hors du commun qui occultaient totalement l’extrême sévérité avec laquelle il l’a éduquée. Elle en souffre énormément et est pleine de colère. Elle se dit qu’elle doit lui pardonner mais ne sait comment. Que puis-je lui dire ou conseiller ? Merci pour votre réponse

Lydia répond:

La souffrance de votre amie est compréhensible, car elle ne s’est pas sentie reconnue dans ce qu’elle a enduré par son père. De telles cérémonies témoignent du décalage entre ce que l’extérieur perçoit d’une personne et ce que les proches en savent. Les éloges ne sont probablement pas injustifiées, mais incomplètes et unilatérales. Mais cela appartient au travail personnel de votre amie. Pour arriver au pardon il faut qu’elle travers d’abord sa haine. Je lui conseillerais de prendre une feuille de papier et d’ écrire à son père tout ce qu’elle a sur le cœur: Papa, je t’en veux de…, tu m’as fait mal quand tu as fait ceci ou cela… etc. Il faut qu’elle puisse dire toute sa colère, toute sa souffrance, sans censure. Si ce que les NDE, ces expériences aux frontières de la mort (souvent de mort clinique) disent est vrai le défunt « de l’autre côté » revisiterait sa vie en toute vérité. Il serait alors aussi confronté aux souffrances qu’il a infligé volontairement ou par ignorance. Cette lettre à son père ne pourra donc pas lui faire plus mal. Elle met les choses à plat, c’est sa vérité à elle. La deuxième chose importante que votre amie devrait lui dire est ce qui lui a manqué de sa part: J’aurais tellement eu besoin de… La sévérité fait que les relations manquent de tendresse, de chaleur et d’intimité, et à la place s’installe la distance et la dureté du cœur. Le premier bénéfice de cette lettre à son père sera qu’elle se reconnaîtra elle-même, ce qui est soulageant en soi. En troisième, il va falloir qu’elle aille dans le monde de son père pour comprendre, pourquoi cet homme a agi de la sorte. Ce n’est que de ce point de vue-là que nous pouvons comprendre et pardonner les actes et attitudes des gens. Peu à peu va s’installer en elle un apaisement. La pardon pour son père va certainement encore s’affirmer lorsqu’elle sera confrontée à ses propres imperfections comme mère et devra trouver le pardon pour elle-même et des actes envers ses enfants pour recréer un lien de tendresse. Au fond, toutes ces relations difficiles parents-enfants ne sont que des relations d’amour ratées. Quel gaspillage, car les deux parties en souffrent. Le problème est qu’on donne plus loin ce que l’on a reçu, à moins de trouver le pardon et la tendresse pour soi et l’autre. Tout travail de réconciliation soulage nos morts. Mais je trouverait encore mieux de commencer de leur vivant! Une dernière chose: si votre amie n’y arrive pas toute seule, il faudrait qu’elle demande de l’aide à un thérapeute. Parfois cela est indispensable.