Question du 30 octobre 2013 :
L’idée de reprendre contact avec toi me réjouit le cœur. Suite à notre enrichissant week-end vécu chez Lisette Philippens à L’Élémenterre, j’étais encore plus consciente de la qualité de ma présence auprès et avec maman. Maman est décédée le premier septembre … Elle allait avoir 87 ans le 6 septembre et nous nous réjouissions de pouvoir la fêter toute la famille ensemble…et finalement ce sont les funérailles que nous avons dû organiser…J’aimerais avoir la certitude qu’elle est bien là où elle est… ! Le l9 août, son médecin traitant lui a proposé d’être prise en charge et bien entourée au Foyer Saint François à Namur en Belgique. Elle était attendue pour le lendemain 9 heures du matin. Soirée mouvementée, faire la valise, les voisins qui venaient voir comment s’était passée la visite chez le médecin, qui étaient surpris de la voir partir si vite… De plus, le médecin n’avait pas précisé qu’il s’agissait de soins palliatifs… Je ne sais pas si maman s’en est rendue compte… elle me disait «j’étais quand même mieux chez moi, et finalement je mangeais mieux chez moi aussi, qui m’a mise ici, j’étais ici pour me requinquer parait-il et c’est encore pire », etc … etc…
Je suis mal avec cela car le médecin a fait pour bien faire, pour que je puisse me reposer un peu aussi… et finalement j’étais moins bien que lorsque je faisais la route et que je restais un, deux ou parfois trois jours chez elle selon comment elle se sentait… Je m’étais engagée à l’accompagner jusqu’au bout, sans savoir que la fin était si proche…pour ma part elle s’est laissée allée découragée d’être dans ce foyer où le personnel était très attentif c’est vrai. Tout y est confortable mais ce n’était pas le confort qu’elle avait chez elle malgré tout…
Je suis mal d’avoir fait un si beau et long parcours avec elle… et qu’elle se retrouve tout à coup du jour au lendemain en dehors de chez elle …. et que je n’étais pas là au matin du ler septembre pour être près d’elle quand elle partait pour un ailleurs…
Je sais que j’ai fait tout ce que j’ai pu pour elle et avec elle pendant toute ces années là, j’étais aux petits soins vraiment dans la douceur … Elle est décédée hors de chez elle… Cela me fait mal qu’elle soit décédée de cette manière et que cette décision a été prise J’ai mal au ventre… et je me sens un peu déprimée malgré tout… je passe d’une chose à l’autre sans pouvoir me concentrer…
Enfin je ne sais pas être plus claire ce soir… J’avais envie de me livrer un peu… je reçois les infos d’Entrelacs et je fais suivre l’info à des personnes que je connais à Genève notamment… Je serai ravie de te revoir si tu reviens en Belgique. Du fond du cœur, je me sens mieux en t’écrivant…
PS J’ai fort hésité avant de t’écrire… je me retiens depuis longtemps car je sais oh combien tu n’as certes pas beaucoup de temps mais en recevant des nouvelles par Entrelacs, c’était plus fort que moi…. !
Bisous et un tout grand merci de la chance que j’ai de te connaître. Je voudrais tellement qu’elle me fasse un petit signe… mais je sais aussi que cela ne fonctionne pas comme ça !!
Réponse de Lydia :
Merci pour ton message et tu as bien fait de m’écrire. Ce que tu me partages me fait penser à un verset dans l’évangile de Jean je crois, où Jésus dit à Pierre : Quand tu étais plus jeune, tu te ceignais toi-même et tu allais où tu voulais. Mais quand tu seras vieux, tu étendras tes mains et un autre te ceindra et te mènera où tu ne veux pas.
Je pense qu’il y avait un manque de clarté au niveau de la gravité de la maladie autant pour ta maman que pour toi. Ce que nous observons généralement est que les mourants essaient de vivre (et réussissent) jusqu’à un événement tel l’anniversaire. Ta maman c’est laissé aller malgré les soins attentifs données. Accepter ce qui est et en tirer le meilleur, c’est l’apprentissage difficile de toute (fin de) vie. Lâcher son chez soi fait partie de ces lâchers-prise que certains devront affronter à la fin. Et pour toi, le lâcher-prise concerne l’idéal que tu avais, qu’elle meure dans tes bras chez elle. Si elle est partie sans toi à ses côtés, c’est qu’elle n’avait plus un besoin absolu que tu sois là. A la fin d’ailleurs, les mourants se tournent vers la suite et ceux qui les accueillaient de l’autre côté. Abandonne-toi aussi à cette confiance que les bras qui se tendaient vers elle, étaient des bras d’amour.
Je reviendrai en Belgique au printemps 2014. Je serai heureuse de te revoir.