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Ai-je tout fait, bien fait? Aurais-je dû faire différemment?

Merci beaucoup pour les réponses que vous donnez et que je lis avec grand intérêt. J’apprends énormément. Je vous avais écrit le mois passé au sujet de ma maman qui a depuis lors eu recours au suicide assisté. Tout c’est « bien » passé si l’on ose s’exprimer ainsi. La période AVANT le suicide m’a semblé bien plus difficile que l’après (encore tout frais, le suicide a eu lieu le 4 juillet). Maintenant je pense que les phases du deuil commencent. Avant j’avais l’impression de vivre avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête. Une condamnation à mort voulue et souhaitée mais qui remet toute l’attitude que j’ai eue avec ma maman, depuis la déclaration de sa maladie, en question. Aurais-je dû intervenir plus tôt? Cela aurait-il changé le cours des choses? Il y a eu une erreur médicale (je ne l’ai appris que lorsque c’était trop tard) et je m’en veux de ne pas être intervenue à ce moment là. Ma mère me tenait à l’écart de son « dossier médical », ne me disait pas tout et avait confiance en son gynéco… Dur, dur, d’accepter… Meilleures salutations et MERCI pour ces questions que l’on ose vous poser.

Réponse de Lydia:

Je me rappelle de votre question le mois denier et cela ne m’étonne que vous vous sentiez soulagée maintenant que c’est fini, sentiment très fréquent après une longue attente. Puis, vous l’avez dit, le temps du deuil est arrivé et encore une fois vous êtes devant certaines questions : Ai-je tout fait, bien fait? Aurais-je dû faire différemment? C’est facile de vous accuser après coup, une fois que vous savez tout. Pourtant vous répondez vous-même à vos questions culpabilisantes: votre mère vous gardait écartée du dossier médical, vous n’avez appris l’erreur médicale que plus tard et trop tard etc. Il se pourrait bien que les choses se soient passées autrement si vous aviez su, si vous étiez intervenue plus tôt, si… Mais le point n’est pas là. C’est un mensonge typique du mental en nous faisant croire que les choses pourraient être autrement si… Or, toutes ces suppositions sont irréelles, car la réalité n’est pas ce qui aurait pu être, mais ce qui est. Reste une seule attitude juste : adhérez à ce qui est, sinon vous vous abonnez à l’auto-torture. Maintenant, dans le cas où vous regrettez de ne pas avoir fait quelque chose, alors que vous saviez ou aviez une intuition mais ne l’aviez pas écoutée, il vous reste de comprendre cette omission et de vous engager à agir autrement une prochaine fois. Alors vous aurez appris quelque chose et l’accusation n’aura plus de sens. Et puis, vous pouvez aussi tirer vos leçons par rapport à l’attitude de votre mère, dans le sens d’affirmer ce qui est juste pour vous : d’inclure plus vos proches si un jour vous deviez vous trouver dans une situation semblable et d’avoir la force d’aller au bout de votre trajectoire. C’est dans ce but que j’ai écrit mon livre « La fin de vie une aventure », comme aide pour la personne atteinte d’une maladie incurable et ses proches d’aller jusqu’au bout non pas d’une simple déchéance, mais d’une re-naissance. Je vous souhaite de vous apaiser dans cette période de deuil.