Question du 30 août 2016
Notre maman qui est âgée de 88 ans vit seule dans son petit 2 pièces. Elle n’est plus autonome depuis plus de deux ans. Elle a chaque jour la visite des infirmières pour des soins standards (médicaments, tension, etc.). Elle reçoit les repas à domicile pour le midi. Ma soeur et mon frère habitent la même ville et s’en occupent beaucoup. Ma soeur fait son ménage, ses courses et sa lessive. Mon frère s’occupe de l’administratif (paiements, argent de poche, etc.) et passe lui aussi presque tous les jours auprès de notre maman.
Comme souvent chez les personnes de cet âge, notre maman perd la mémoire pour les événements récents. Il y a un an, elle était inscrite dans un EMS. Malheureusement, le jour où il a fallu y aller, elle s’y est opposée avec une telle force que nous avons provisoirement renoncé à ce projet. Nous avons renforcé les soins à domicile mais la situation se dégrade de jour en jour. A tel point que nous avons relancé ce processus de placement. Pour notre maman d’une part, elle vit tourmentée seule dans son appartement et se rend compte qu’elle ne peut plus toute seule. D’autre part, pour ma sœur et mon frère qui sont fortement sollicités et qui n’en peuvent plus.
Nous préparons tant que faire se peut notre maman à cette prochaine échéance. Elle reconnait que cela ne peut plus continuer ainsi et que ce n’est plus une vie … Mais, cinq ou dix minutes plus tard elle a oublié et dit exactement le contraire à savoir qu’elle n’ira jamais dans un EMS. Il va de soi que nous ne voulons pas renouveler la douloureuse expérience de l’an dernier et revivre ce traumatisme. Le médecin a établi un dossier médical pour une admission dans un établissement doté d’une structure Psycho gériatrique. Mais nous craignons fortement le jour où l’on nous préviendra qu’une place est disponible, parce que, rien ne dit qu’elle ne réagira pas comme l’année dernière.
Notre cas n’est peut-être pas isolé mais, nous sommes désemparés. Mes questions: « Comment cela se passe habituellement dans de tels cas » et que faut-il ou que peut-on entreprendre pour que l’EMS ait les moyens légaux de retenir notre maman si celle-ci ne veut pas rester. Précision qui a peut-être son importance, cela se passe dans le canton de Vaud. Je vous remercie de vos conseils et des réponses que vous pourrez apporter à mes questions.
Réponse de Lydia :
Je suis impressionnée de lire combien votre fratrie accompagne votre maman. Elle a beaucoup de chance de vous avoir. La vieillesse ne se passe pas toujours comme nous souhaitions et comme nous le souhaitons pour nos proches. Il semble que votre maman soit arrivée à l’endroit où les solutions actuelles ne suffisent plus et il faut envisager le placement. Notre petit ego n’aime pas trop l’idée de la dépendance et pourtant cela fait aussi partie de l’apprentissage dans la vieillesse. Votre mère se bat avec 2 parties en elle qui s’opposent: une partie raisonnable et ancrée dans la réalité qui comprend qu’elle ne peut plus vivre seule et une autre qui vit dans le déni et fait comme si tout allait bien. C’est partie là contient certainement beaucoup de peurs et il va falloir s’en occuper. En ce qui concerne la partie raisonnable, il me semble important que vous puissiez l’aider à aller plus loin que la simple reconnaissance du problème et qu’elle formule la solution, son besoin d’une prise en charge en EMS, car c’est différent que d’admettre seulement l’impasse. Un an a passé depuis la dernière tentative et il se peut que cela se passe bien maintenant.
Par contre si votre maman, lors de l’annonce d’une place libre, refuse et fait à nouveau une crise, il faut surtout éviter de la contrer ou de vouloir la raisonner. Son état émotionnel empêche qu’elle entende quoi que ce soit. Si vous n’arrivez pas à la calmer, il serait bien de contacter une personne qui pratique la validation, c’est à dire qui sait communiquer avec les personnes désorientées pour lui permettre de se faire entendre et de pouvoir s’apaiser. Si vous me communiquez l’endroit où votre mère habite, je peux faire des recherches pour trouver éventuellement une personne n’habitant pas trop loin.
Lorsqu’elle sera placée, il faut continuer à être à l’écoute de son désaccord pour qu’elle puisse peu à peu accepter sa nouvelle demeure. L’adaptation prend toujours un peu de temps jusqu’à ce que la personne comprenne les aspects positifs du nouveau lieu. Ca arrive qu’une personne change d’EMS si elle ne s’y sent pas bien, mais si l’appartement a été liquidé entretemps, il n’est pas possible de la faire retourner chez elle.
J’espère avoir répondu un peu à votre questionnement et je vous souhaite d’aboutir dans la sérénité.