Germaine et Pirouette
Germaine est en gériatrie et les médecins lui annonce qu’elle ne rentrera plus à la maison, son mari ne pouvant plus s’occuper d’elle comme il l’a fait pendant toutes ces dernières années. C’est la révolte, elle ne comprend pas.
« Mon mari n’aura rien à faire à mon retour », m’assure-t-elle, « je saurai me débrouiller toute seule. » J’essaie de lui faire comprendre qu’elle, malade et aveugle, aura besoin de son aide et que lui, malade et diminué, ne pourra plus l’assurer. Et là, Germaine, la gentille, devient de plus en plus Germaine, la révoltée. Elle devient agressive en parole. Je dois absolument trouver quelque chose pour l’aider. A cette période je dois faire endormir ma chatte qui vient d’avoir un petit il y a à peine un mois. Il faut que je nourrisse la petite Pirouette souvent et régulièrement et je l’emmène partout avec moi.
C’est ça ! Je vais lui amener ma petite Pirouette. Je vais visiter Germaine, Pirouette est dans mon sac, et je lui dis:
– « J’ai une belle surprise pour toi, Germaine ».
D’une voix dure elle me répond : « Plus rien ne peut me surprendre ! »
– « Je te jure, c’est une belle surprise. »
– « Ça, ça m’étonnerait ! » me lance-t-elle, agacée.
Je ne dis rien et j’emmène Germaine à la cafétéria, je l’installe et lui pose Pirouette sur la poitrine. Ses yeux si durs, si sombres s’éclairent. Elle rit, s’extasie devant sa minette. « Ah ! Oui, ça c’est une vraie surprise ! » s’exclame-t-elle et ne se fatigue pas de la caresser. Pirouette n’a jamais reçu autant de câlins et de bisous.
Elle est devenue son rayon de soleil chaque fois je la lui amène, et j’ai retrouvé ma gentille Germaine.
Par Anita Epiney