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Combien c’est difficile de laisser libre ceux qu’on aime

G. est en rémission, il faut attendre encore 2 ans pour que les médecins le déclarent guéri. Physiquement il va bien, mais moralement il n’est pas très positif. Il vit mal d’être considéré comme « invalide » et sera à la retraite d’office l’an prochain. Il n’a pas retrouvé l’intensité que la maladie donnait à son existence. Ses quelques tentatives de se faire accompagner intérieurement n’ont pas gagné sur ses résistances. C’est difficile pour moi. Je crois avoir tout tenté après que B. m’ait dit que, s’il ne voulait pas se faire accompagner, c’était à moi à le faire. Aujourd’hui je me sens plutôt en échec, mais ne cesse pourtant de guetter la moindre perche qu’il pourrait me tendre. Je ne perds pas l’espoir qu’il trouve enfin son chemin.

Lydia répond:

Je trouve déjà super que G.ait pu dépasser son cancer qui était grave et être en rémission. Par contre, je trouve assez stupide cette histoire des 5 ans pour considérer un cancer comme guéri. Mais bon, les médecins s’appuient sur leur statistique… Par contre, ta préoccupation n’est pas stupide, tu as raison, car si G. ne trouve pas une nouvelle validité d’un tout autre ordre après le boulot, le manque d’intensité pourrait bien appeler à la rescousse une nouvelle cancérisation pour la retrouver. Je sais que c’est un risque, aussi pour moi. Le cancer nous talonne à nous accomplir ou nous rattrape, afin qu’on s’accomplisse en mourant. Donc, nous ne savons pas ce que G. va choisir. Je comprends bien ton souci, mais il est maître de sa vie. C’est pour cela que je ne pense pas juste de regarder ton accompagnement comme un échec. Je dirais plutôt : combien c’est difficile de laisser libre ceux qu’on aime, même jusqu’à les laisser choisir leur vie ou leur mort, et d’accepter leur choix ! Toi, continue à rayonner !